C’est justement parce que l’on parle du secteur du luxe, de pièces uniques, que l’éco-conception devrait trouver tout son sens. En effet, le pouvoir d’attraction de l’unicité d’un produit n’est plus à démontrer. Tout ce qui est rare est cher, dit-on. Au-delà du prix, comment imaginer l’éco-conception au sein de l’industrie du luxe et le mettre en place pour éviter le greenwashing ?
De quoi parle-t-on ?
L'écoconception est l'intégration de la protection de l'environnement dès la conception d’un produit pour réduire son impact environnemental durant toute sa vie. Il s’agit d’une démarche transversale entre son cycle de vie, ses composants et ses critères en termes de production ou d’impact sur l’environnement.
En résumé, il s’agit de prévenir l’impact environnemental d’un produit dès sa conception. L’écoconception accompagne l’industrie textile depuis des décennies, suivant l’évolution de fabrication des habits, comme de l’origine des matières premières et la recherche de plus de transparence de la part des entreprises.
Parmi les marques du secteur, certains jouent sur le rôle de l’environnement pour booster leurs ventes sans pour autant être transparents. Cette image trompeuse de responsabilité écologique choisie comme stratégie marketing porte le nom de greenwashing.
Dans le monde du luxe, on ne peut se permettre ce genre de facétie. La marque est présente sur la scène internationale, son image est à préserver et doit montrer l’exemple.
A la pièce
Concrètement, tous les secteurs sont concernés par l’éco-conception. L’industrie textile est encore plus impactée par ces processus et aujourd’hui, avec l’interdiction légale de détruire les invendus, repenser la fabrication et la fin de vie des produits est nécessaire. En effet, si on réfléchit à l’impact du produit et à sa fin de vie au moment même de sa conception, alors on peut déjà réfléchir à la manière dont on le fabrique.
Aujourd’hui, lorsque l’on donne nos vêtements usagés ou en fin de vie, une étude démontre que seulement 1% est recyclé en vêtements neufs ! Pour le reste, c’était jusque-là la destruction. De plus, si l’on prend l’exemple de ReFashion, la grande majorité des vêtements récupérés partent à l’étranger. Bien que la tendance soit à la seconde main, il y a encore des progrès à faire.
La révolution industrielle du XVIIIe siècle se poursuit encore aujourd’hui dans nombre de secteurs. Plus flagrant encore, les bio-procédés font partie intégrante de l’industrie textile. Pour résoudre la difficulté d’obtenir des matières premières naturelles, les tissus dérivés sont aujourd’hui monnaie courante et les nouvelles technologies se sont intégrées à la fabrication pour donner des produits intelligents, connectés ou encore pro-actifs. On peut donc trouver des tissus régulant le rythme cardiaque, la transpiration, assurant une posture, imperméables, etc. L’une des dernières révolutions du secteur est les bioprocédés avec trois facteurs clés : le traitement biologique des déchets générés, le traitement des tissus par enzymes et les dispositifs biologiques.
Enfin, il est nécessaire de ne plus penser la fabrication à la chaîne, mais à la pièce.
C’est là qu’intervient le digital.
Comment digitaliser ?
Dans le parcours client, lorsque celui-ci s’intéresse à votre produit, vous faites preuve de transparence. S’il sait dès le départ qu’il aura droit à une pièce unique car fabriquée sur mesure, à la commande (et non pas à la chaîne) et donc qu’il y aura un délai avant l’acquisition, il saura être patient. Bien au contraire, il aura le sentiment de participer aux efforts déployés contre la fast fashion, soit l’industrie textile de masse. C’est comme pour une voiture : aujourd’hui, les constructeurs ne produisent une voiture que lors de la commande passée par le client.
Et pour qu’il choisisse la pièce qui lui correspond, une cabine d’essayage virtuelle peut être mise à sa disposition. Comme certains coloristes ou encore opticiens, la réalité augmentée est devenue un outil d’appréciation du produit par le client. Il peut commencer à se l’approprier. En donnant ses mensurations, en choisissant les couleurs, les formes, la pièce devient aussi unique que lui, il se sent responsable et s’implique dans votre démarche écoresponsable.
A chaque étape de conception de son produit, il peut être averti. On peut l’informer lorsque chaque pièce intègre l’atelier pour être assemblée. On peut l’inviter virtuellement à voir son produit en cours de fabrication dans l’atelier. Vous prenez soin d’informer votre client de la provenance de chaque pièce, chaque fibre…Vous pouvez aller jusqu’à annoncer l’impact carbone de chaque étape jusqu’à l’expédition au client, si vous êtes assez transparents et sûrs de vos valeurs écologiques !
Cohérence & transparence
On le sait, un scandale est vite arrivé. Sachez que le greenwashing est illégal. Vous n’êtes pas obligés de donner toutes les ficelles de votre métier au client, mais il a besoin d’être rassuré et confiant dans ce qu’il vous achète. De plus, il est important que vous puissiez garder votre savoir-faire. Il y a des métiers qui se perdent et vous en possédez encore ? Faites un focus sur vos collaborateurs dans de petites interviews que vous partagez avec votre clientèle ou sur vos canaux de communication.
Le secteur du luxe est le secteur de l’exception, de la pièce unique, du privilège.
Privilégiez vos clients et faites preuve de cohérence dans votre stratégie de communication.
Vous parlez d’éco-conception ? Alors démontrez-le, toutes les cartes sont entre vos mains.
En dernier lieu, votre site d’e-commerce propose des solutions pour la fin de vie de vos produits : renvoi vers des sites de seconde main pour l’économie circulaire, reprise, réutilisation, voire réparation. L’économie circulaire doit faire partie intégrante de votre démarche environnementale, que vous aurez pensé dès la conception de votre produit.
Vous souhaitez échanger sur le sujet, évoquer un projet parlons-en !